Avec 13 JOURS, 13 NUITS, Martin Bourboulon signe un film tendu et humain, inspiré de l’opération d’exfiltration menée par l’armée française et l’ambassade lors de la chute de Kaboul en 2021. À travers le personnage du commandant Mohamed Bida, il explore l’héroïsme discret, les dilemmes moraux et la solitude des décisions. Le réalisateur revient sur la genèse de ce projet fort et engagé.
MARTIN BOURBOULON & ROSHDY ZEM | 13 JOURS, 13 NUITS
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13JOURS, 13 NUITS | SYNOPSIS
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, le commandant Mohamed Bida et ses hommes assurent la sécurité de l’ambassade de France, encore ouverte. Pris au piège, le commandant Bida décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour conduire les évacués jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.
Interview d’Ondine Perier
Pouvez-vous nous raconter comment est né ce projet
Le film est né d’une collaboration naturelle : Ardavan de Pathé (co-producteur) a proposé l’idée à Dimitri Rassam (co-producteur), qui me l’a transmise. Je travaille avec eux depuis plus de dix ans. C’est mon sixième film avec Pathé, et j’avais déjà travaillé avec Dimitri sur d’autres projets. On cherchait un sujet plus contemporain, différent de ce qu’on avait fait auparavant. Ce projet s’est imposé comme une suite logique.
Pourquoi vous propose-t-on souvent des films ambitieux ?
Je ne sais pas, c’est une question pour les producteurs. Moi, j’aime penser au spectateur. J’assume de faire des films pour le public, quel que soit le genre. J’ai commencé avec une comédie (PAPA OU MAMAN), puis fait LES TROIS MOUSQUETAIRES, et maintenant ce film très différent. Je veux garder une exigence de cinéma, tout en m’adressant à un large public.
Quelle part de romanesque avez-vous apporté au film et notamment au personnage du commandant Bida?
Dans ce film, on voulait raconter l’histoire vraie du commandant Bida, sans rien inventer. Tous les faits sont authentiques : l’attaque contre les hélicoptères, le convoi, l’attentat à l’aéroport, la mort de la jeune soldate américaine. On s’est interdit toute invention. Même les détails comme le prénom de la femme de Bida sont exacts.
Aviez-vous le casting en tête au moment de l’écriture ?
Le choix de Roschdy Zem s’est imposé naturellement. Dès la lecture du livre, j’ai pensé à lui. Pour Lyna Khoudri, je la connaissais déjà pour avoir travaillé avec elle sur LES TROIS MOUSQUETAIRES. Elle a une grande capacité à jouer des rôles très différents. Ces deux acteurs étaient essentiels pour donner humanité et justesse au film.
Comment s’est passé la Jouer des Afghans n’a pas été difficile, sauf pour certains qui refusaient d’incarner des talibans. Le reste a été très bien organisé. La foule, le décor, tout devait être crédible pour que le spectateur y croie. Mais dans cette foule, il fallait aussi garder le fil de notre héros, Mohamed. C’est grâce aux équipes marocaines très compétentes – qui géraient notamment la figuration colossale – que j’ai pû me focaliser sur le jeu d’acteurs et la mise en scène.
Le film montre une image positive de l’armée française.
Oui, c’était important pour moi. Quand nos forces françaises font quelque chose de juste et humain, on peut en être fier. Il y a cette phrase que j’aimais beaucoup : « Ouvrez les portes. On ne peut pas prendre le risque que des gens se fassent tuer devant l’ambassade française. » Cela dit beaucoup des valeurs que je défends.
Vous montrez la solitude du commandant face à sa responsabilité et prise de décision, faites-vous un parallèle entre le travail de Mohamed Bida et celui d’un réalisateur ?
Oui, c’est comme un skipper de bateau, il faut prendre des décisions seul, garder la direction, même si on doute. Il ne faut pas montrer ses hésitations, car l’équipe compte sur nous. J’ai voulu montrer cela dans le film, ces moments de solitude, ces coulisses où l’on craque parfois.
Pendant le tournage, il m’est arrivé de douter, bien sûr. Mais je ne cache pas mes interrogations, tant que ça ne freine pas l’avancée du projet. Sur des films comme LES TROIS MOUSQUETAIRES ou celui-ci, l’organisation est immense, il faut savoir trancher vite.
Quelques mots sur l’ambiance du tournage ?
Elle était studieuse. Ce n’est pas parce qu’on tourne une comédie qu’on rit tout le temps, ni parce qu’on filme un drame qu’on est constamment tendus. On travaille sérieusement, on met les acteurs dans les bonnes conditions, mais il n’y a pas de tension permanente.
Pouvez-vous nous donner trois adjectifs pour décrire le film ?
Captivant, haletant et humain.